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maître, sur le mariage du Prince royal, m’a répondu, qu’il
étoit au désespoir de ne pouvoir, comme il le voudroit, en
parler avec assurance; Il dit que jamais le Roi ne lui en
avoit parlé, ni même écrit le moindre petit mot, bien que^
la lettre de Votre Majesté pour le Roi et sa réponse aient
passé par ses mains; qu’il supposoit que son maître
sou-haiteroit toujours tout ce qui pourroit iaire plaisir à Votre
Majesté, et qu’ainsi il verroit de bon oeil qu’un mariage
qui déplait tant fut rompu; mais qu’il croyoit aussi qu’il ne
pouvoit prendre d’autre parti que celui de laisser traîter
cette affaire entre la Suède et le Danemark, sans y entrer
pour rien; mais que tout cela étoit des raisonnements
vagues, qui ne signifioient rien. Que si Votre Majesté
souhaîtoit qu’il s’en informât auprès de son Maître, il le
feroit de très bon coeur, et avec le zèle qu’il avoit toujours
pour Son service.
Je lui dis, que je n’avois pas des ordres pour cela;
mais que je croyois qu’il feroit très bien d’en écrire au plus
tôt, Votre Majesté souhaitant vivement d’être instruite là
dessus. Au reste il raisonna sur la rupture; qu’il doutoit
fort que le Danemark prendroit les armes pour venger cette
injure; que la Russie avoit déclaré, à ce que le Roi de
Prusse a mandé lui-même à Votre Majesté, qu’Elle ne se
mêleroit point dans l’affaire,du mariage; qu’il savoit bien
que le Danemark tiendroit longtems ferme, mais que cela
ne passeroit pas les négociations; que par les relations
qu’il pouvoit y avoir, il sauroit’ bientôt ce qui s’y tráme, et
que d’abord il en feroit part à Votre Majesté. Que pour
ce que je lui dis, que le parti dominant paroissoit déjà
pencher pour cette alliance, il m’assura, qu’il n’en avoit
jamais entendu parler, et qu’il étoit persuadé, què ce
parti-là ne voudroit jamais chagriner ses maîtres. Cela nous
échauffa un peu, et comme chacun étoit prévenu sur ses
idées, nous rompîmes la conversation: l’assurant que lui et
ses favoris n’envisagoierit autre chose que le bien de Votte
Majesté, et moi en lui demandant des preuves de la
sincérité de ces beaux sentiments.
Pendant tout le tems de la conversation, il ne changea
qu’une fois de visage, quand je mis en doute la bonne vo-
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