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craindre, et que je vous conseille surtout d’éviter: l’une est
que le parti françois, devenant le dominant, ne pousse pas
l’autre à bout et n’en vienne à des violences, qui
révolte-roient tous les voisins de la Suède; l’autre que la France
n’entraîne la Suède à déclarer, avec sa légèreté accoutumée,
la guerre à la Russie. Si cela arrivoit, le roi de
Danemark en Norvège, et nous dans la Poméranie suédoise, nous
nous verrions obligés, selon la teneur des traités, à nous
déclarer immédiatement contre la Suède. Si vous pouvez
éviter ces deux excès, je ne saurois condamner le reste,
car le tems est bien pris et tout dépend ensuite de la
modération du parti, qui gagnera la supériorité.
Vous n’avez pas besoin, ma chère soeur, de me faire
des excuses pour votre lettre; les caractères en sont très
lisibles. S’il falloit peindre les lettres, ceux qui ont
beaucoup à écrire y seroient fort embarrassés et l’on feroit peu
de besogne. Je vous rends mille actions de grâce du
tableau que vous destinez pour Sanssouci, je me fais un
scrupule de vous en priver; cependant, ma chère soeur, sou
plus grand prix sera de ce qu’il vient de votre main. Je
fais mille voeux? pour que cette année vous soit favorable,
et que les affaires tournent de façon à ne vous causer
aucun chagrin. Personne ne s’y intéresse plus sincèrement
qu’un frère qui vous aime et qui, rempli de tendresse et de
la plus haute estime sera, jusqu’à son dernier soupir
Ma très chère soeur
Votre fidèle frère
et serviteur
Fédéric.
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