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la Russie ou quelqu’autre puissance lui eusse rendu le titre
de Roi et remis les Etats en règle? C’est ce que je ne puis
m’imaginer, du moins jq suis sûre que si vous vous fussiez
trouvé dans le même cas, jamais vous n’auriez agi
autrement. Enfin il s’est conduit avec modération et avec
sagesse. Il auroit pu être despote et il a rendu la liberté
à ses sujets, en leur ôtant la licence. Si la Russie ou ses
voisins lui font une guerre injuste, il pourra succomber, il
est vrai; mais sa chûte même sera digne de lui; ce sera
par la force, et après avoir défendu chaque pouce de
terrain. Les siècles à venir le plaindront, et l’injustice de ses
ennemis sera une tâche éternelle dans leurs annales. Oui,
mon cher frère, j’en appelle à Vous, à votre grand coeur:
Vous pensez comme moi, et vous ne pouvez jamais penser
autrement.% J’ai lu votre lettre avec un esprit rassis; vous
l’avez écrite dans un premier moment de ^vivacité; mais
avec la même sincérité je vous dirai que ni vous ni la Russie
n’avez aucune hostilité à craindre du Roi mon fils. Qu’il
ne pense que rétablir l’ordre dans son royaume, et que
quand même vous auriez une guerre au dehors, vous pouvez
être sûr de ne plus être troublé par la Suède. Mais aussi
si vous étiez l’agresseur, l’univers verra le spectacle le plus
étonnant que jamais l’histoire aie produit: J’ai le
gouvernement de toute la Poméranie; vous verrez votre propre soeur
défendre cette place; je serai partout où vos coups
porteront. Vous emporterez la place, je n’en doute pas; mais
ce sera au prix de mon sang, et en rendant le dernier
soupir, je serai encore digne de vous. Voilà, mon très cher
frère, tout ce que je puis vous dire. Je compte sur mon
frère, quand le premier moment de vivacité sera passé, et
je le trouverai juste et tendre. Pour moi, malgré tout ce
que Vous m’écrivez, je ne cesserai de Vous aimer et d’être
etc. etc.
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