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Elle dit qu’elle ne reviendroit point, mais je m’imagine
encore, qu’elle changera d’avis, puisqu’elle auroit tort de
prendre l’affaire au sérieux. Le Roi l’a priée de revenir, mais
elle a répondu que non.
Drottningholm ce 20 (Août 1783).
Le Roi a encore voulu me persuader de danser dans
sa pièce; c’étoit un soir qu’il eut fait la lecture à sa soeur.
Je me trouvai dans l’appartement quand il entra avec la
pièce en main. Je voulus sortir; il me retint, en me disant:
Si vous appartenez encore à la troupe et que vous vouiez
promettre de danser, restez.
Pour ce qui est — aie-je-dit — de danser je ne trouve
pas que cela soit nécessaire et je ne le seroi point quand
Votre Majesté aura madame de Lôwenhjelm et madame de
H’opken. Pour ce qui est d’appartenir à la troupe, j’y
appartiens encore, puisque je danse encore cette fois-ci.
Restez donc; me dit-il.
J’entends volontiers la pièce — repris-je — mais je ne
promets rien.
Restez seulement — reprit le Roi; puis se tournant
vers sa soeur, qui m’arrêta par ma jupe: qu’elle reste, car
je suis persuadé que ma belle-soeur dit seulement comme
cela, et qu’elle danse sûrement.
Il commença à lire; je restoi, puisqu’il se mit
justement à ma table pour lire. La pièce est intitulée Les
amours d’Ebba Bralie et de Gustave Adolphe; c’est une
des meilleures qu’il aie écrites. Il y a de belles choses,
mais elle a des fautes, surtout qu’ Ebba Brahe, qui aime
si tendrement le Roi, puisse, dans le moment même qu’elle
se marie, avoir la fermeté de refuser Gustave Adolphe, qui
veut rompre le mariage, pour ne point trahir la promesse
qu’elle a donnée à De la Gardie d’être sa femme; — ce
qu’elle a encore fait par dépit, croyant le Roi infidèle.
Cela fait une très belle situation de fermeté de caractère,
mais qui n’en est pas moins impossible, car c’est contre la
nature, et l’on peut voir que le sentiment de l’amour n’est
point celui que le Roi a le plus approfondi.
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