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fruit de son zèle et de ses peines, on le voit infailiblement
au bout de la *commission, dont on se charge; mais je crois
en même tems qu’il faut se trouver pour le moins sur le
bord du précipice et avoir même déjà un pied dedans, avant
que le soin de se sauver nous fasse renoncer aux règles
que l’ambition à établies généralement, et aux devoirs que
la patrie peut exiger, et encore est-on peut-être mal justifié
aux yeux du public et de la postérité. J’ai l’idée que dès
qu’on a tant fait que de se vouer à une carrière, il en faut
courir tous les risques; et cela par trois raisons, comme
dit M:r Pincé dans le tambour nocturne: La première, parce
qu’on a été le maître de la choisir; la seconde, parcequ’on
est par conséquent censé d’avoir prévu, pesé et examiné
tout ce qu’elle offre de glorieux d’un côté et de désagréable
de l’autre; la troisième, parcequ’il y a de la justice à
supporter les inconvénients d’un métier, si on prétend en jouir
des avantages. C’est un contrat, ôu plutôt un mariage avec
l’état; il faut partager avec lui la bonne et la mauvaise
fortune. Je blâmerais fort quelqu’un qui se trouveroit à
une bataille, s’il avoit une certitude physique d’avoir la tête
emportée par un boulet de canon; mais je blâmerois encore
davantage celui qui n’y iroit pas, parceque la possibilité
d’être tué y est. Que devient la reconnaissance que nous
devons à la patrie, qui nous nourrit et nous protège, si,
parceque nous pouvons nous y perdre nous-mêmes, nous
lui refusons nos services dans le moment, où il lui sont le
plus nécessaires? et combien de charges importantes seroient
remplies, si on ne considéroit que le chagrin, la critique et
les risques qui les accompagnent, et qu’on s’attachât trop à
en regarder comme inséparable la perte de son honneur
et de sa vie? Personne n’a mieux démontré que
vous-même, mon cher comte, dans un conseil de guerre, sur la
fin de la première campagne, les malheureuses suites de
l’indécision, et vouz avez parfaitement bien prouvé, qu’il ne
falloit la dériver, que de l’impression, qu’avoit faite sur les
esprits l’exemple du comte de Lewenhaupt et la crainte du
glaive du bourreau. Vous avez desapprouvé cette terreur
panique par vos représentations alors, et nouvellement par
Fersens Hist. Ant. /. 15
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