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notre histoire et de notre ancienne langue, conservée en
partie dans les dialectes de nos provinces, pas plus que celle
des habitudes du peuple, dont une littérature nationale pouvait
tirer sa sève et sa couleur. Ce ne fut guère qu’au
bout de 20 ans après la séparation d’avec le Danemark que
nous vîmes apparaître deux poètes qui, possédant au moins
quelques-unes de ces conditions, jetèrent en Norvège les
bases d’une littérature nationale indépendante.
Ces poètes étaient Henrik Wergeland et Johan S. Welhaven,
le premier né en 1808, le second en 1807, deux natures d’ailleurs
diamétralement opposées. Wergeland, vaste genie et
poète rempli d’imagination, original, indomptable, plein
d’enthousiasme patriotique, se présenta comme le champion de
la nationalité norvégienne. En peu de temps il composa
une masse d’ouvrages: farces, drames, poèmes épiques et
lyriques, qui, baroques de forme et de style et bravant les lois
ordinaires de l’esthétique, possédaient, en dépit de leur emphase
et de leur obscurité, beaucoup de fraicheur et d’originalite
et une richesse d’images si éblouissante qu’ils furent goûtés
par le public, qui, loin de les comprendre, éprouvait cependant
l’ardent désir de s’émanciper du Danemark en littérature,
comme il avait déjà réussi à le faire en politique.
Elevé depuis son enfance à Eidsvold, terrain classique de
l’indépendance, et initié à la littérature française et aux idées
de la révolution, la liberté et la raison furent l’idéal de son
existence. Dans sa 22e année il publia un poème épique et
dramatique, „la Création, l’Homme et le Messie“, qui est un des
plus volumineux ouvrages poétiques de toutes les littératures
modernes. Il y donna une forme aux idées de liberté qui fementaient
en lui, en représentant les époques du développement
du genre humain du point de vue rationaliste et républicain.
En prenant part à toutes les questions qui touchaient à la
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