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ce que j’allois sacrifier sur son autel: bonheur, repos,
aisance, santé, charme de la vie, qui consiste en tranquillité.
J’étois déjà sorti, et si heureusement et pour jamais, dans
ma croyance, hors des affaires, hors de celte mer tant remplie
d’orages, que j’avois essuyés assez. J’étois entré au port, où
ne m’attendoit plus qu’une vie libre de tracas et de
sollicitudes. Je tenois tous ces biens de Vos mains; ils m’en étaient
doublement précieux. A peine en avois-je effleuré le goût, que
Vous me fites témoigner vos désirs, que je m’en éloignasse et
me laissasse employer ailleurs. Mon bienfaiteur m’appella,
me jugea utile à son service: je lui devois tout, et j’aurois
pu me refuser à ce que me dût inspirer pour lui le sentiment
de ma reconnaissance? Pouvais-je m’en rendre coupable, et
aspirer après à vivre en paix avec moi-méme? Je prends
Dieu à témoin cependant, que je prévis, et du premier
moment, tout ce que j’avanturerois: repos, ruine tant de la
bourse que de la santé, anticipation sur le terme de mes jours,
par l’épuisement du corps, qu’un travail immense
m’attire-roit, et au bout, perte facile encore de Vos bonnes graces, de
Votre affection, Monseigneur, et de ma réputation enfin pour
comble. Que de repentirs ainsi j’allois me préparer!
J’em-poisonnois un reste de vie et abandonnais les soins d’une
famille chérie, auxquels mes manques de loisirs
m’empeche-roient de vaquer. Je Vous fis conjurer d’avoir pitié de moi,
ne Vous laissant point ignorer ni mes scrupules, ni mes
craintes: Vous réitérâtes cependant Votre appel, Vos ordres,
Monseigneur. Vous y joignîtes des offres sans doute
considérables, des assurances encore plus flatteuses, et Vous n’étiez
pas à penser que j’y pourrai demeurer froid ou insensible.
Non, Vous ne pouviez pas Vous méprendre à ce point un
instant sur ta trempe de mon ame. Dès Votre enfance elle
fut à la Votre toute vouée. Mon attachement sans bornes
Vous a suivi dès le berceau dans tous les pas que Vous fai-
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