- Project Runeberg -  Samlaren / Ny följd. Årgång 4. 1923 /
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(1880-1935)
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Full resolution (TIFF) - On this page / på denna sida - Torsten Eklund: En obeaktad uppsats av Strindberg

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En obeaktad uppsats av Strindberg 95

des yeux sous le béret, les jambes avaient plié; les genoux s’étaient
rapprochés! Ma statue représentait maintenant un garçon de neuf ans
pleurant et dérobant ses larmes. Quelques retouches, et la statuette
était parfaite . . . j’entends, que le spectateur ressentait 1’impression
voulue à son aspect.

Quelque temps apres, dans les ateliers de mes amis, j’improvisai
une théorie de »l’art automatique».

— Vous vous rappelez, Messieurs, cette histoire qu’on lit dan&
tout recueil de contes populaires. Un jeune prince se promène au
bois. Tout à coup il aperçoit la »Därne du bois». Elie est belle
comme le jour, avec des cheveux couleur de soleil, etc. Il s’approche
et la Därne lui tourne le dos ayant Tair subitement d’un estoc.

Evidemment, le prince n’a vu qu’un estoc. Sa fantaisie en
mouve-ment a poétisé le reste.

Que de fois cela m/es^ arrivé, à moi-même!

Un matin que je marchais dans la forêt, j’arrivai à un enclos en
jachère. Mes pensées alors vagabondaient au loin, mais mes regards
observaient fixement un objet inconnu, bizarre, qui gisait sur le champ.
Au premier instant, ce fut une vache, puis deux paysans qui
s’embras-saient, puis un tronc d’arbre, puis . . . Cette oscillation des
impressions me plait . . . Un acte de volonté et je ne veux plus savoir ce
que c’est ... Je sens que le rideau du conscient va se lever . . . Non,
je ne veux pas . . . Encor . . . Maintenant, c’est un déjeuner
cham-pêtre, ön est attablé . . . Mais les figures sont immobiles comme dans
un panopticon . . . Ah! diable! . . le charme s’envole . . . fini. . . Cest
une charrue délaissée sur laquelle le laboureur a jeté son habit et
suspendu sa besace! Tout est disparu. Il n’y a plus rien a voir. La
source de jouissance est épuisée!

N’est-ce pas que cela offre une analogie frappante avec les
pein-tures modernistes, si incompréhensibles pour les »philistins»? On
n’a-perçoit d’abord qu’un fouillis de couleur, puis cela prend un air. Ça
ressemble . . . Mais non, ça ne ressemble à rien. Cependant, soudain
un point se fixe comme le noyau d’une cellule, cela s’accroit, les
cou-leurs se groupent à 1’entour et s’accumulent. Des rayons se förment
qui s’étalent en branches, en ramures ainsi que les cristaux de glace
à la fenêtre ... et 1’image apparait à celui qui regarde, à celui qui
assiste à Tacte de procréation du tableau.

Et la peinture est ainsi toujours nouvelle, changeant d’apres la
lumière, ne lassant jamais, sans cesse rajeunie avec le don charmant
de la vie.

A mes moments perdus, je peins. Afin de pouvoir mieux
maitri-ser la matière, je choisis une toile, ou bien un carton de grandeur
moyenne. Ainsi, je puis achever un tableau en deux ou trois heures,
c’est-à-dire environ le temps que dure ma bonne disposition.

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