Full resolution (TIFF) - On this page / på denna sida - Torsten Eklund: Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg
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Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg 129
périence acquise pendant la nuit vint confirmer ma nouvelle
con-viction.»
»Apres un entr’acte, la table est de noveau garnie de toddy.
On demande d’une commune voix les Gluntarne, c’est le nom d’un
recueil de duos pour tenor et baryton dont le texte traite de la
vie des étudiants à 1’Université d’Upsal. Pour bien saisir cette
poésie bacheliêre, il faut d’avance être au fait de lanomalie qui
rêgne dans la situation des étudiants en Suêde. Le diplome
d’étu-diant est un passeport pour la haute classe; 1’examen est une ligne
de démarcation entré la basse classe et la haute; c’est le denier à
Dieu pour le mandarinat. En Suêde la société est partagée en deux
corps: étudianfcs et bourgeois (brackor). Cet esprit de coterie a pris
racine par suite d’un arrangement tres politique, mais tres malsain
les deux Universités étant reléguées dans deux petites villes de
province, véritables tandis de 10 000 habitants à peu prês. Rebutés
par les périlleux exemples des étudiants européens, loges dans les
capitales, les rois de Suêde ont eu peur de voir la jeunesse érudite
entassée dans un centre. A cause de cet exil, les étudiants se sont
constitués en corporation privée. Et, vivant d’une vie futile de
province, loin de la civilisation, ils sont restes en retard, conservant
des mœurs rudes et brutales, formant toujours un foyer de reaction
et d’obscurantisme. Plantées au pied de deux cathedrales d’évêques,
les Universités sont demeurées à 1’abri de la contagion des temps
nouveaux. Et ce n’est que tout récemment qu’on a remarqué des
symptomes alarmants pour le sommeil séculaire de YAlma Mäter
upsalienne, au jour oü le prince Eugene n’a pas été reçu au scrutin
ouvert pour son élection dans une société d’étudiants.»
»Lesdits duos Gluntarne encore en vogue, dépeignent la vie
intime des étudiants d’TJpsal d’il y a quarante ans. Leur auteur
est le préfet actuel, Gunnar Wennerberg, ancien ministre des cultes
et de 1’instruction publique.»
»Certes, cette poésie d’une popularité toujours renaissante, est
vraiment unique.»
»Cela roule sur les tristesses et les sourires de la jeunesse
uni-versitaire: les emprunts, les cours, les épreuves, les bacchanales, avec
intercalation d’idylles exquises, de bambochades de style hollandais,
d’aventures nocturnes, de sérénades. Tout y est, moins 1’amour.
On månge (tout un menu y est reproduit), ön boit, ön se bat, ön
chante, ön rit, ön pleure, mais ön n’aime pas. Certes, ön rêve, au
9—2877. Samlaren 1928.
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