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Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg 135
triotique, mais qui n’a point empêché 1’auteur dêtre honoré du
cordon de commandeur de 1’Etoile polaire.
Apres une dizaine d’années, il est millionaire et sa banque est
souveraine. Mais les temps ehangent, et la crise, provoquée par
des banques juives administrées avec une habilité supérieure,
menace de ruine la création de Wallenberg. Il reçoit un échec
terrible, mais se relêve. Membre de la ligne des »Terrains à vendre»,
qui par ses relations intimes avec la chancellerie du conseil
municipal, sait à 1’àvance oü 1’on ira construire les boulevards, il est
redevenu riche au fur et à mesure que la ville devient pauvre par
ces exploitations haussmaniennes.
Le clergé, pour conclure, ne manque pas dans la société,
de-venue si évangéliste à Stockholm, mais il est dépourvu de chef.
Larcheveque demeure à Upsal afin de surveiller la haute instruction
universitaire, et il n’y a pas le moindre évêque dans la capitale.
Faute d’évêque, les fideles se sont créé un pape dans le personnage
d’un individu de haut goüt, Emmanuel Beskow, ci- devant viveur,
ancien lieutenant qui s’est converti à la seule et salutaire foi royale
et luthérienne, à une époque favorable oü la reine aspirait à sauver
ce pays perdu pour le ciel. Le jeune galant, fait son pêlerinage à
la Terre Sainte revient entouré de 1’auréole de 1’apötre, et sa
for-tune est faite. Les dames font construire une église particuliêre
pour ce saint Jean, et à linauguration de ce temple de la vanité,
il arrive par un hasard bien dirigé qu’un pigeon traverse la nef.
Le truc réussit à merveille, et Tapötre est reconnu oint du
Saint-Esprit. Apres ce coup 1’habile homme, qui en vertu de sa haute
mission et de son ignorance est dispensé de lexamen ordinaire des
prêtres, fait fonder un institut de jésuites évangélistes. La reine
envoie ses fils pour y être élevés. L’institut est en vogue et tout
le monde y vent placer ses enfants pour qu’ils deviennent
camara-des avec les princes.
Ce fut une grosse affaire.
Ce cavalier de Jésus-Christ est un bel homme, robouste et de
bonne santé. Malgré cela, il a tou jours su s’attirer la compassion
des cœurs sensibles par une adroite phtisie indispensable pour être
un interessant jeune homme. Il est ravissant quand il s’interrompt,
au milieu du sermon, pour tousser une toute petite toux, cherchant
en vain à évoquer une rougeur alarmante sur ses joues gonflées de
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