Full resolution (TIFF) - On this page / på denna sida - Torsten Eklund: Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg
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136 Torsten Eklund
bons diners. Au demeurant, c’est un bon garçon qui aime le punch
et platonise avec les jeunes filles.
Aussi renommé, mais pour d’autres et plus solides qualités,
est le premier pasteur de Stockholm, Auguste Fehr. Äge de 34 ans,
il est parvenu à une place équivalent à celle du curé de Notre-Dame,
à Paris. Sa popularité date d’un incident qui le plaça tout d’un
coup entré les innovateurs non dangereux. Il s’avisa une fois,
comme vicaire, de terminer le service di vin en récitant un poême
celebre au lieu de le finir par un cantique. L’éclat fut immense:
Un prêtre, qui lisait des poêmes! Ses sermons furent soignés et
respirêrent un certain libéralisme opposé à 1’ascétisme ala mode.
Au synode national, il a soutenu les reformes contre les retardataires.
En somme, c’est un réformateur doux, un homme de conscience et
peut-être un progressiste, comme prêtre s’entend.
16 Juillet 1886.
III. ECRIVAINS. JOUEN ALISTES.
La nouvelle poésie suédoise commence par Esaias Tegnér, à
1’entrée de ce siêcle. Cest le poête nationale qui a donne la
formule canonique dont nul ne pourrait se passer impunément. Pour
un poête suédois, il y a deux ingrédients in dispensabies sans
les-quels Tauteur ne serait pas reconnu poête, à savoir: 1’amour
platoni-que et le patriotisme. Armé de ces deux passe-partouts, la
medio-crité la plus distinguée ouvrira les cœurs de tout le monde: ceux
des femmes par l’amour, ceux des hommes par le patriotisme. Cest
le secret de Tegnér d’avoir le premier découvert les cordes sensibles.
Et ses successeurs ont su bättre de la fausse monnaie en faisant
usage du brevet Tegnérien.
Le poême national, c’est le Frithiofs Saga. Frithiof et Ingeborg*
se sont pris d’amour, pur comme 1’eau et aussi dégourdi. Le roi
Ring, vieille barbe, ayant grand besoin d’une garde-m ålade, prend
la charmante Ingeborg sous le nez de ce charmant Frithiof, et en
fait son épouse. Pleurs et lamentations sans but. Frithiof, pour
soulager son coeur, sexile et se fait pirat (viking). Apres la mört
du vieux roi il épouse la veuve, léguée à lui par la susdit roi.
Le poême s’achêve par une apologie de l’amour fidêle qui survit
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