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Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg 141
rapporte pas beaucoup en revenu direct. Cest pourquoi les deux
époux, les rédacteurs, énormément riches, sont Considéres comme de
vrais bienfaiteurs, sacrifiant leur vie aisée pour le trim orageux dn
publiciste.
Dagens Nyheter est plus important et plus puissant par son
grand nombre d’abonnés, environ vingt mille. Le rédacteur, Rudolf
Wall, le premier journaliste de Suêde, n’a jamais abusé de son
pouvoir. Liberal, d’une humeur facile et conciliante il s’est bien
conduit dans la lutte politique entré la ville et la campagne. Et
il lui a fallu beaucoup de circonspection pour ne point froisser les
sentiments de l’une ou de 1’autre.
Rudolf Wall est marié à la petite-fille du celebre Ankarstroem,
le régicide qui débarassa le pays du despote Gustav III. Pemme
charmante, qui a su rassembler un salon réconciliateur, oü 1’on
ren-contre des personnages de couleurs diverses, depuis le ministre
jus-qu’au petit journaliste.
Stockholms Dagblad (Journal de Stockholm), la feuille
d’annonces et de police, 1’organe des domestiques, des commis-voyågeurs et
de la cour. Le porte-voix du gmivermement de la capital, il s’est
attribué le röle de demi-officiel. Le roi lui-même a choisi les
co-lonnes du Dagbladet pour ses élucubrations anonymes.
Dagligt Allehanda (Commérages du Jour), paraissant vers la
nuit tombante, vêtu en bonnet de nuit, souffrant d’une léthargie
•chronique, ne sai t jamais quelle heure il est. Rédigé par un
avo-■cat qui, pour une rémunération modeste, croit à la Société de Jesus
et à 1’infaillibilité de Bernadotte.
Post-Tidningen (l’Officieux),la grande blanchisseuse du linge royal,
propriété de 1’Académie, constituée pour la circonstance en bureau
d’anonces officielles.
Un journal Stockholmois offre pour 1’étranger un spectacle
singulier: la premiêre page est occupée par les annonces, la
der-niêre de même et la troisiême aussi. Ce qui tient à sa publicité
restreinte. Pas de journal sans annonces. Le texte, c’est le
hors-d’œvre que 1’on est force de découvrir entré les annonces. Et pour
le texte, le »premier Stockholm» fait souvent défaut, ou bien il est
composé négligemment. Faute de talents journalistes, les journaux
suivent Topinion et ne la dirigent pas. Les faits-divers, les
can-eans, les nouvelles à la main, les réclames, les mondanités
abon-dent et prêtent à tous ces grandes journaux un goüt de province.
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