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Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg 147
ideal dans 1’Olympe informe des Scandinaves. Mais pendant qu’il
cherche, le temps avance, et les heureux ont déjà trouvé sur la
terre cé que le maitre ne trouvait pas däns les cieux. Par surcroit,
l’impiété croissante ne s’agenouille pius de vant les dieux de
n’ini-pörte quel genre, et Thor, chevauchant sur le tonnerre, n’iinprime
plus la terreur aux sceptiques de la butte Montmartre.
Kronberg, élêve de 1’école de Munich, a son atelier à Eome;
coloriste magnifique, il a surpassé son confrêre Hellquist, qui
em-prunte à 1’histoire de Suêde des motifs insignifiants. Zorn et
Lindström aquarellistes paysagistes, ont établi leur domicile à
Londres.
Fagerlin, à Düsseldorf, a retrouvé la sentimentalite germanique
chez les Allemands, ce qui lui a ouvert les cœurs de le vieille
Suêde. Mais c’est aux environs de la place Pigalie que 1’on va
chercher les innovateurs qui par des transfusions annuelles ont
versé du sang nouveau dans 1’art dégéneré. Hugo Salmson, le
doyen du café de 1’Ermitage au boulevard Rochechouart, appartient
déjà aux élus du Luxembourg, ainsi que son ami Hagborg, le pius
chic de tous les peintres suédois-parisiens. Pauli et Richard Berg
ne sont plus visibles qu’en passage à Stockholm. Carl Larsson,,
dessinateur, le Doré de Suêde, est en outre un aquarelliste dont
les peintures délicates se retrouvent en partie chez son ami
Coque-lin ainé. C est lui qui, de concert avec Ernst Josephson, a fait la
revolution contre 1’Académie menée à bonne fin pour 1’art et les
artistes.
Les réformateurs ont procédé en vrais radicaux, et si bien que
des impressionistes, même à outrance, tel que le porte-banniêre Carl
Nordstrœm ont transformé le public qui, apres un moment
dhési-tation, à fini par accepter ce dernier mot de 1’art moderne.
Pour la sculpture, il n’y a pas long à dire. Le sculpteur de
1’Etat, Frithiof Kjellberg, au debut de sa carriére, réaliste et
moderne, achêve à Paris un chef-d’œuvre de relief: Garçons jouant à
coupe-tête. Il tourne le dos à Paris et de vi ent à Rome idolåtre de
Fantique.
Börjeson parcourt la même evolution. Yraiment grandiose et
de bonne foi dans son Joueur de quilles accueilli par 1’Académie
comme un outrage au bon goüt, il dépérit peu à peu sous la
pres-sion des Saints-Pêres à Stockholm et se résigne à devenir un
ar-tiste de routine et en vogue, je veux dire un ci-devant.
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