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Märta Sparre les ayant fait cesser par une heure, Ion
servoit le souper. J’ai envie de dire qu’il étoit fort, mais
bast: il ne faut pas qu’il surpasse celui du Roy à
Stockholm; vous pouvez croire, qu’ après avoir bien mangé,
nous ne manquions pas de bien reposer toute la nuit. Je
fis quelques reflexions, avant que de me coucher, sur le
vide, que je trouverais dans les plaisirs de Medvi par
votre absence, et puis vous donnant le bon soir en idée,
je m’endormis. Le lendemain, fraîches comme des roses,
nous reçûmes l’adoration de tout Medvi, la journée se passa
a recevoir des visites, à parler des eaux, et à faire des
parties diverses pour la danse, pour la promenade à cheval
et en chaise, les courses de bagues, les jeux des cartes,
enfin l’on n’oublia rien, et l’on proposa même jusques au
jeu des quilles et des osselets. J’avois une grande envie
de savoir, qui étoit le Cavalier, dont nous avions fait une
rencontre si heureuse à nôtre arrivée; l’on me dit, qu’il
menoit une vie fort cachée pour quelque raison particulière,
et on le croyoit de nation Danoise. Le reste du jour
fut donné à la promenade dans une belle allée un peu
ecartée au travers d’un bois touffu, oit l’on est toujours à
couvert du soleil et du vent; l’on resolut d’y faire les
courses des bagues le lendemain, qui se commença par
la promenade à la fontaine, où tout le monde étoit occupé
a prendre les eaux. A notre retour je vis venir du grand
chemin un homme a toute bride, brodé de pied en cape,
suivi de trente estaffiers d’une livrée fort riche; personne
ne douta que ce ne fut le Comte Charles, il n’y avoit que
moi qui soutenoit le contraire, à cause qu’ ayant
l’imagination remplie de Mess:rr les François nouveaux venus, je
croyois qu’il en devoit être un, et ne me desabusois que
quand le Comte Charles venoit à moi pour me saluer.
L’après-dinée on se rendit aux allées pour courir la bague,
où Mons:r le Comte De la Qardie avoit fait préparer les
choses necessaires. 11 faut dire à sa louange, qu’il fait
lui seul presque tout l’agrément de Medvi: et est si soigneux
pour nous trouver des lances, des dards, de bons chevaux,
des selles, des housses, enfin ce qu’il faut, comme si c’étoit
quelque affaire du Hofgericht, et je vous assure, qu’il est
aussi bon ecuyer que Président, c’est à dire universel.
Les courses se font dans de petites chaises fort proprement
placées sur deux roues, et traînées par un cheval. La Dame
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