Full resolution (JPEG) - On this page / på denna sida - La nuit de Noël à la compagne, par Georges Bouchard
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La nuit de Noël à la campagne
Aucun souvenir d’enfance n’a laissé dans mon ame rurale une impression
plus vive que la nuit de Noël, surtout lorsqu’a l’âge de huit ans, j’eus le privi-
lége d’accompagner mes parents a la Messe de Minuit.
A onze heures de la nuit, à la première sonnerie des cloches lointaines, la
famille se met en route dans le traineau familial (appelé carriole) qui grince
sur la neige rude encore toute blanche.
Les petits disparaissent sous les épaisses peaux de moutons ou de buffles
dont les adultes s’emmitouflent jusqu’aux épaules.
Les cristaux de neige renvoient aux étoiles leurs reflets pales. Le cheval,
en trottinant, fait résonner la grelotière qui orne sa croupe.
À minuit, les cloches à pleine volée appellent à l’intérieur les quelques
fidèles encore attardés en conversations sur le perron de l’église.
Tout à coup des flots de lumière jaillissent, submergent les nefs et percent
la nuit extérieure par les vitraux multicolores. Les voûtes retentissent du
ronflement des orgues et des accents du “Minuit, chrétiens, c’est l’heure solen-
Helen
Cette féérie de lumière, de musique et de chant tient en éveil les fidèles
un peu engourdis par la nuit et le froid.
Au cours des messes de minuit, les fidèles se rendent à la table de commu-
nion avec une piété encore plus touchante que d’habitude.
Après la cérémonie, c’est le défilé des enfants devant la crèche mystique
contemplée avec une profonde admiration. Chacun dépose sa petite offrande
personnelle, symbole d’un dur sacrifice à cet Age.
Puis, les lumières de l’église s’éteignent pendant que successivement, les
loyers s’allument au village d’abord, et, graduellement le long des diverses
routes de la paroisse.
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