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a dix ans, je sens combien les lumières d’un vrai
Conseiller me sont nécessaires, et combien le
travail est rude à supporter seul. Nous sommes
d’ailleurs à la veille de grands événemens. Les Tures
semblent sortir de leur longue léthargie; la
réponse négative et sèche que vient d’essuyer le
ministre de Russie à Constantinople, et les
succès d’Iman-Mansur, qui est autre chose que ce
que croit le vulgaire, semblent annoncer un
nouvel incendie. La mort prochaine du Roi de Prusse,
qui ne passera pas la fin de l’année, l’hydropisie
étant déja montée jusqu’aux reins, ne laissera
pas de devenir l’époque d’un nouvel ordre de
choses. Cependant d’un autre côté la naissance
d’un héritier de la maison palatine, fils du Prince
de Birkenfeld, semble devoir tromper les vues
ambitieuses qu’on attribue à l’Empereur sur la
Bavière. Dans peu de mois tous ces divers
événemens se déploieront, et produiront une
nouvelle suite de combinaisons. Le Baron
Strömfelt m’a fait un grand plaisir en m’assurant que
vous n’aviez pas oublié la promesse que vous
m’aviez faîte de venir me voir à Gripsholm. Je ne
suis pas décidé si j’y passerai l’automne, mais si
je le fais, votre arrivée et le plaisir de vous y
voir seront les principaux motifs de mon voyage.
Je suis très-inquiet des mauvaises nouvelles que
j’ai reçues de Copenhague sur l’état de votre frère.
Il doit être chez vous en ce moment: j’espère que
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