Full resolution (TIFF) - On this page / på denna sida - Torsten Eklund: Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg
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134 Torsten Eklund
réconcilier le bon Dieu et le Mammon, dans une compromission
tres opportune. Au rez-de-chaussée de la chapelle des marins oü
il prêche 1’Evangile luthérien, il a établi un restaurant oü ön sert
de la viande, fournie par la Société de boucherie, dont le directeur
n’est autre que 1’apötre lui meme.
Apötres de même trempe sont Carl von Bergen et Anton
Nystrom. Bergen, docteur en philosophie, 1’ennemi capita! de »1’Eglise
de pain» prêche le christianisme purifié des Unitaires. Son
in-fluence sur la classe moyenne est considérable. Il est le premier
orateur du pays. Nystrom, médecin, disciple dJAuguste Comte, a
fondé une Société positiviste à Stockholm. Aussi bien, 1’institut
d’ouvriers lui doit son existence. A coté de Hedin il est le plus
méritant du mouvement ouvrier.
Le socialisme, apres quelques années de lutte, devient à la
mode. Les propagateurs en sont tous de jeunes hommes
euthousi-astes.
Knut Wicksell a attaqué la vieille morale en professant
hardi-ment la f oi malthusienne devant un auditoire distingué de femmes
qui lui portent une vénération inavouable. De plus il a le merite
d’avoire dévoilé le prophête d’eau-de-vie, le susdit L.-O. Smith; un
des meneurs des ouvriers, il exerce une influence utile sur les
élections. Du reste, caractêre sans tache, il est plus redouté
que hai.
Hjalmar Branting, rédacteur en chef socialiste du Tiden (le
Tempi) est un vrai type nihiliste dans le plus beau sens du mot.
Ifciche, savant, astronome à 1’Observatoire de Stockholm, il a sacrifié
fortune et situation pour la cause de la basse classe. Timide,
modeste, affable, il sera sans doute le premier socialiste auquel la
Chambre des députés ouvrira ses portes.
La haute finance compte parmi ses capacités les plus en vue
A.-O. Wallenberg, fondateur de la Banque privée de Stockholm.
Sa carriêre, quoique un peu irreguliêre, l’a conduit en droite ligne
au but: les millions. Déjà, étant aspirant de marine, il avait
dé-couvert la merveilleuse faculté de 1’argent de se multiplier par le
louage. Comme lieutenant il jeta les fondements de la Banque
depuis si celebre. Apres une époque de transition en qualité de
capitaine d’un bateau à vapeur, iL émerge enfin comme banquier.
Il commence la lutte contre la Banque nationale par 1’exportation
de la monnaie d’argent du royaume. Acte estimé comme peu pa-
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