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Comment — répliqua la Reine — vous ne la regardez
donc point pour ma dame du palais? je Vaurois cru pour
tne montrer que votre réconciliation est sincère; qu’avez
vous à dire à son sujet? elle est de bonne famille.
Eaurois de la peine à répondre — dit le Roi —
est-ce que ma chère Mère me Vordonne?
Non — dit-elle — je ne veux point vous ordonner,
mais je Vaurois cru de votre complaisanee.
Est-ce que ma chère Mère le souhaite ardemment et le
désire, donc ...
Je souhaiterois — dit la Reine — que vous me fassiez
ce plaisir.
Dans ce cas — répliqua le Roi — je ne fais aucune
difficulté; — et il donna le salut à madame de Cronhjelm.
Cette pauvre femme étoit dans un cruel embarras, car elle
trembloit de peur. Je lui avois fait sa leçon auparavant et
l’avois priée qu’elle devoit dire au Roi quand elle pourroit
parler, de lui pardonner, si elle lui avoit manqué
innocemment. Dès que le Roi avoit embrassé madame de
Cronhjelm, et que celle-ci eut remercié, la Reine-mère prit la
main du Roi et dit:
Embrassez moi, mon cher fils, car je vois que votre
réconciliation est sincère; qu’il ne soit plus question de rien
et que nous soyons amis.
La conversation ne fut pas vive, comme vous pouvez
le croire. Enfin le Prince royal arriva. Elle lui fit
présent d’une agrafe de diamants, et ne l’avoit jamais assez
proche d’elle; disant toujours à Stackelberg qu’on avoit
fait entrer, pour rendre le jeune prince moins pleureur et
peureux, de le tourner pour qu’elle puisse le voir en face,
et voir ses yeux. Le Roi ayant ordonné à son fils de
caresser sa grand’mère, celui-ci commença à lui caresser les
joues, ce qui fit un spectacle attendrissant, pour tous ceux
qui y assistoient. Tout l’appartement étoit plein de monde
des deux cours. Madame de Ribbing, qui s’y trouvait par
hasard, n’a pas moins contribué au raccomodement, je dois
lui rendre cette justice, et sa conduite dans ces moments
lui fait beaucoup d’honneur.
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