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port au Roi, je lui dis qu’il n’étàit pas besoin que S. M:té
ignorât notre entretien; mais afin de me dispenser, sans
affectation, de lui donner part de ce qui s’était passé à
Sans Souci, je lui dis que j’avais vu le Roi, lorsque je fus
déjà debout pour me retirer; mais que je croyais qu’il
n’abuserait pas de la confidence que je lui en faisais, de peur
que le Roi ne me soupçonnât d’indiscrétion.
J’écrivis après une lettre, telle que je me l’étais
proposé, et je l’envoyais, le 15, à Potsdam, ce qui ne réussit
pas tout à fait selon mes souhaits. Le 17 au soir je reçus
réponse de la part du Roi, que j’envoie ci-jointe, puisque
elle sert à indiquer les idées de S. M:té sur les affaires de
Suède. Au reste nul ordre de revenir; le comte de
Pode-wils, qui me remit la lettre, se montra au contraire très
inquiet, de ce que je n’étais pas encore parti, le tout
pourtant avec bonté et politesse. J’appris encore de lui, que,
selon les dernières nouvelles, il était averré que messieurs
de Brahe et de Horn n’avaient eu aucune intention qui put
viser à l’avantage du Roi, et que tout ce qu’ils venaient
d’entreprendre n’était qu’en vue de leur propre élévation.
C’est ainsi qu’on profite, apparemment, des facilités qu’une
inquisition secrète fournit, pour tâcher d’enlever à ces
infortunés la seule satisfaction, qui leur restait dans leur
malheur, d’être du moins plaints et regrettés par les personnes
royales, pour lesquelles ils ont tout exposé et tout perdu.
Les monstres, au pouvoir duquels ils sont tombés, non
contents d’exercer leur rage sur les corps de ces nobles
victimes, étendent encore leur tyrannie sur les âmes même,
et sur les réputations, afin de faire souffrir, par tous les
endroits imaginables, ceux qui ont osé essuyer de leur
résister.
De retour chez moi, je n’eus rien de plus pressé, que
de plier bagage et de m’en aller d’où j’étais venu; endroit
qui, en fait de retraite, vaut mieux qu’aucun autre par la
facilité que j’y ai de donner et de recevoir des nouvelles.
Ainsi je partis de Berlin la nuit du 17 Juillet, jour à
jamais célèbre, mais qui se présenta cette année bien
différemment dans cette même ville, de ce qu’il était, il y a
douze ans.
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