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le gouvernemant flotte sans cesse au gré des factions, et
que tout est vicissitude, les talents, les vertus mêmes,
deviennent inutiles; tout est enveloppé dans la chaîne de la
corruption générale, et l’Etat, devenu le jouet de ses
voisins, est incapable de rendre le moindre service à ses alliés.
Pour lui rendre sa vigeur, et le mettre dans
l’indépendance de ses voisins, on regarde donc ici comme une chose
indispensable, de refondre entièrement la constitution, en
fortifiant l’autorité royale. Il est inutile d’entrer dans les
détails de ce plan, il est déjà connu de Votre Majesté.
Comme la Russie emploiera tous les moyens pour
traverser l’éxécution de ce projet, il faut lui donner de la
besogne ailleurs. La Porte est l’ennèmi le plus dangereux
pour Elle, c’est la seule puissance qui puisse la faire
trembler. L’Impératrice, dont la position est très précaire,
regarde une guerre avec les Turcs comme sa ruine certaine.
Les moindres revers la précipiteroient du Trône. Son
résident à Constantinople prodigue l’argent et les bassesses,
pour gagner le Divan. Malgré tout cela, il est dans des
transes continuelles; il crajnt à chaque instant une rupture.
Si la France avoit eu un homme de tête pour ambassadeur
à Constantinople, la guerre seroit déjà déclarée. Mais le
chevalier de Vergennes est sans talents et sans activité.
Monsieur de Choiseul l’a donc rappelé, et c’est pour le bien
de la Suède, qu’il y a envoyé monsieur de S:t Priest, homme
d’un talent et d’un mérite supérieur. Il engagera la Porte
à tomber sur la Russie, un peu avant la convocation delà
diète prochaine, pour l’empêcher de troubler nos premières
opérations. Lorsqu’une fois le maréchal de la diète est élu,
nous n’avons plus rien à craindre; car c’est à lui alors à
veiller à la sûreté du Royaume. Mais il faut prévenir
qu’une insulte n’arrive dans le tems, où l’autorité du Sénat
est encore dans toute sa vigeur. De notre côté il faudroit
endormir la Russie, et lui dérober la marche que nous
préparons aux événements. Il seroit peut-être à propos
d’observer vis-à-vis d’elle les politesses et les égards ordinaires,
pour ne pas l’effaroucher jusqu’à ce que la mine crève.
Elle se trouvera par là embarrassée pour le parti qu’elle a
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