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A Madame la Baronne D’EYBEN, fille du Baron
DE GÖRTZ, concernant le procès de sa
succession.
Gripsholm le 28 Août 1773.
Madame la Baronne d’Eyben! Je respecte trop
la mémoire de li’llustre et malheureux Baron de
Görtz, pour n’avoir pas été très-sensiblement
touché d’apprendre qu’il existait encore un de
ses enfans, que la tyrannie et l’injustice atroce
de la reine Ulrique Eléonore et de ceux qui
présidèrent à la Diète de 1719, rendirent
orphelins. Son sang innocent a trop long-temps crié
vengeance. La Suède, pendant cinquante ans de
malheurs, de dévastations et de troubles, a payé
chèrement le tribut que la colère divine imposa
sur le meurtre d’un grand homme innocent, pour
que je ne souhaite ardemment, en qualité de
premier citoyen de ma patrie, de réparer au nom
de cette même patrie l’injustice que mes
prédécesseurs ont commise. A ce titre, que je regarde
comme le plus beau de tous ceux que la Provi
dence m’a fait porter, j’ajoute encore celui de
ma Maison, pour laquelle votre malheureux
père a été un sacrifice. Vous devez donc bien
juger, Madame la Baronne, combien je suis porté
à vous rendre la justice que vous réclamez en
qualité d’héritière et de fille du feu Baron de
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