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ne saurait empêcher, mais content d’avoir gardé
des biens qui ne pourront jamais t’être arrachés.
Je suis convaincu
et j’ai raison de l’être
que le temps, en ajoutant un an à ton âge, n’a
point fait vieillir ta pensée, et voilà l’essentiel;
car à coup sûr, ce ne sont pas les infirmités
physiques qui nous font végéter au lieu de vivre.
Tant qu’on a l’usage de la pensée, tant qu’on
possède ses forces intellectuelles, on n’est pas
encore membre du grand hôpital du genre
humain; au contraire, on appartient à la vie, à la
société, on a encore des prétentions à celle-ci,
et vice versa. Je ne conçois que trop bien
que l’affaiblissement de la vue doit être un des
plus grands malheurs qui puissent affliger un
homme de lettres dont le temps se partageait
entre les deux occupations de lire et d’écrire.
Mais de l’autre côté il me semble que le savant,
le penseur doit trouver dans sa grande
provision de souvenirs et de sujets de méditation
une forte compensation que le sort refuse à
l’homme vulgaire, dont la force vitale ne saurait
subsister, si elle n’est plus soutenue par des
impressions matérielles. Dans un homme
distingué, la lumière de la pensée devient
peutêtre plus forte, à mesure que celle des objets
extérieurs se diminue. Du moins l’Antiquité a
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