Full resolution (TIFF) - On this page / på denna sida - Torsten Eklund: Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg
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Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg 125
On a voulu comparer cette brute à Anacréon, dont le surnom
lui a ete adjugé. Je suis au regret de ne trouver là aucune
res-semblance. Anacréon chante la volupté juvénile. Va pour la
volupté et la joie de vivre chez la jeunesse! Mais ce Bellman chante
la volupté sénile, achetée, prostituée. Cest ce qui, m’attriste dans
ces peintures bachiques, la sénilité devorée par des flammes
in-satiables.
Aussi ce chiffonier poétique est-il le poête des vieillards, et
T ordre de Par Bricole est son temple. Dans cette pagode
nationale, ön laisse entrer tout le nionde, savants, fonctionnaires d’assez
haut rang1, artistes, commerçants, commis-voyageurs, artisans, sauf
les tailleurs et les dames.
Une confrérie moins burlesque, mais d’une importance plus
considérable, est celle des Francs-maçons. Sous le rêgne de feu
Charles XV, tous les jeunes employes surnuméraires regardaient cette
institution comme une succursale à la Banque nationale et ils y
volaient pour trouver parmi »les bourgeois» les deux cautions
in-dispensables à un emprunt. D’ailleurs ön s’amusait à chanter des
quatuors avec le roi, ou liait des connaissances >esculentes», et
maintes fois les jeunes gens y jetêrent les bases d’un temple de la
Fortune en maçonnant celui de Salomon.
La loge maçonnique Suédoise doit son éclat au fou et feu
Charles XIII, le heros de la réaction. Le dit roi fit greffer le
mouvement maçonnique sur un ordre royal dont les insignes (une
croix rouge de Saint-André) comptent parmi les plus goütés.
A 1’heure de la réaction actuelle, la franc-maçonnerie suédoise
est devenue une Société occulte oü les jeunes bourgeois sont élevés
dans le culte du tröne et de 1’autel. Le roi et le prince royal se
multiplient pour faire de la propagande en faveur des Bernadottes
qui éprouvent le pressentiment de leur fin prochaine.
Ajoutons que le prince de Gallés, pendant une visite à
Stockholm, reçut les insignes de 1’ordre de Charles XIII et à cette
oc-casion chaussa les éperons de Charles-Jean. Voilà comme ön
s’amuse chez les obscuratistes.
D’un acabit plus sérieux et en même temps plus divertissant,
se présente le club Idun, ainsi dénommé d’apres la divinité de la
jeunesse.
Idun constitue en quelque sorte la Bourse des savants, des
artistes et des écrivains. Pour être admis il faut a voir percé, il faut
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