- Project Runeberg -  Samlaren / Ny följd. Årgång 9. 1928 /
145

(1880-1935)
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Full resolution (TIFF) - On this page / på denna sida - Torsten Eklund: Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg

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Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg 145

il est toujours le duc, le comte, le marquis; souple et elegant, les
traits fatigués, il fait les délices des dames. Son talent, borne aux
röles du nionde elegant, le fait échouer s’il cherche à sortir de son
domarne.

La tragédie est soutenue par deux artistes remarquables,
Edvard Swartz et Emile Hillberg. Swartz, c’est le Hamlet de 1850;
Hillberg, de lågo de 1870. Hillberg, jeune, robuste, doué d’un
talent supérieur, remplit les röles les plus divers, depuis le vieillard
jusqu’au jeune homme débauché. De plus, cest une individualité
et la personnalité la plus marquante du monde théätral. Malgré
la haute considération accordée aux comédiens de la Suêde (les
sommités sont decorées), cet artiste, dédaignant la gloire artistique,
a voulu donner 1’exemple d’un comedien-citoyen. Dans ce but, il
s’est fait propagandiste du mouvement tempérancier en révélant le
»ruban bleu». Membre de la ligue international de 1’arbitrage, il
s’est constitué redacteur en chef d’un journal hebdomadaire.
Eon-dateur de sociétés d’épargne et de mutualité, il s’est promis de
forcer la consigne à la Chambre des députés.

Panni les dames, Elise Hwasser, ancienne amie de Charles XV,
tient tete à la concurrence des jeunes. Cest la tragédienne sans
seconde pour le moment; mais elie sait aussi bien remplir les röles
de comédie.

Comme grande därne, elie rappelle souvent Madelaine Brohan.
Charmante femme. Autrefois faisant partie du cercle intime de
Charles XV, elie a su atteindre aux maniêres distinguées de la
därne du monde. Vigoureuse, d’une souplesse de panthêre, elie est
admirable dans les parties fortes, sans jamais devenir hommasse:
mêre et veuve, elie fait toujours ressortir la femme, ce qui lui a
valu la victoire contre toute concurrente. Car sa successrice, Mlle
Björkegren, representante du mouvement hommasse, ne réussit que
dans les gros röles. D’une prestance magnifique, aux traits
puis-sants, elie est dénuée de tous les charmes feminins: 1’expression
des sentiments de mere et d’amante lui fait défaut. Malgré cela,
elie est 1’idole du partie jeune »déliquescent» qui ne veut plus de
la femme.

10—2877. Samlaren 1928.

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