Full resolution (TIFF) - On this page / på denna sida - Torsten Eklund: Lettres de Stockholm par Auguste Strindberg
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146 Torsten Eklund
V. LES ARTISTES.
L’art est une fleur exotique dans ce pays pauvre. Il y a une
école des Beaux-Arts, des bourses pour études à l’étranger, un musée
loge dans un palais tout en marbre et vraiment magnifique. Et
pourtant Tärt national manque. Des qu’un élêve a reçu
1’instruc-tion élémentaire, il s’en va pour étudier 1’art aux grands foyers
extérieurs. De rétour au pays natal, il est engagé comme
profes-seur à 1’école oü il enseigne ce qu’il a appris pendant son exil. Des
lors il s’ensommeille, inconscient du dévelloppement de l’art et il
arrive un moment oü il s’est survécu à lui-même. L’école persiste
à émettre des essaims qui reviennent rajeunis. C’est alors que
com-mence T opposition, phénomêne constant, qui vient de ce transf onner
en pleine revolution. Et il en sera toujours ainsi tout qu’ira le
monde. Mais un art indigêne se fait attendre quand même.
Le directeur de 1’Ecole ou 1’Académie, comme elie s’intitule, le
comte de Rosen, est un peintre tres renommé. Son portrait, peint
par lui-même, est place dans la galeri des Of fices à Florence. Elêve
de Leys le Beige, il sest attaché à la technique rigide du maitre,
si bien qu’il ne parvient jamais à s’en dégager. Cest une cliance
que ce procédé s’applique si bien aux motifs sombres choisis par
1’élêve que ses tableaux aient pris un air convenablement suédois.
Dans le salon parisien, le Marche des fleurs du comte de Rosen se
trouvait hors de saison et ne plaisait guêre aux admirateurs de
Firmin Gérard. Depuis que les jeunes élêves de Rosen eurent
rem-porté des médailles du Salon, le directeur cessade concourir avec
ses disciples. Malmstrœm, professeur de l’Académie, poursuit
depuis vingt ans un tableau qui ne verra jamais sa fin: Bataille de
Bråvalla. Une toile horriblement väste, un sujet gigantesque, la
guerre entré les deux nations Svear et Göthar sur la fusion
des-quelles le royaume est fondé. Cest une peinture national. Des
rêves superbes, des plans enormes, qui ne voient jamais leur
accom-plissement. Cette peinture celebre, critiquée, dessiné, change d’aspect
une fois par an; les touristes y vont en pêlerinage, adorent cette
incarnation, sans chair, de 1’esprit naturel. Jamais exposée, jamais
achevée; elie vit dans les esprits des patriotes reconnaissant comme
un songe nébuleux sous les configurations les plus disparates.
Winge, de 1’Académie, le jumeau du précédent, cherche son
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