Full resolution (JPEG) - On this page / på denna sida - IV. Séjour à Tobolsk. — Une noce russe. — Baptême d’une juive, etc.
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VOYAGE EN SIBÉRIE. 131
de la tête, des souliers en maroquin jaune et des bas
de coton blancs. Elle s’avança lentement vers le tapis,
s’agenouilla et fit trois fois son pokorno, c’est-à-dire
trois humbles révérences devant Yobras. Cette révé
rence s’exécute de la manière suivante : d’abord on
fait le signe de la croix, avec les trois premiers doigts
depuis le front jusqu’au creux de l’estomac et de l’é
paule droite à l’épaule gauche, le tout suivi de la ré
vérence ordinaire; puis on se met à genoux; les mains
sont appuyées sur le plancher qu’on touche du front
à chaque génuflexion qui se répète trois fois. La mère
aide sa fille à se relever, car l’acte doit être accom
pli lestement et avec grâce. Cette cérémonie achevée,
M. Hirsch s’approcha, prit Yobras sur la table, et, en
prononçant une bénédiction en langue russe, il la fit
passer en croix au-dessus de la tête de la fiancée, puis
au-dessus du pain et de la salière. La fille recom
mença ensuite ses révérences devant sa mère et de
vant M. et madame Hirsch. Celle-ci, tout émue, l’em
brassa. La pauvre fille avait l’air d’une victime parée
et résignée. Elle avait vu son futur trois fois; le jour
du svidanië, il ne lui avait dit que quelques mots; au
devitschnick, il avait été roide et embarrassé; elle
avait beaucoup réfléchi et pleuré avant de consentir,
mais enfin la Svacha et sa mère l’avaient persuadée.
Le futur n’était nullement de son goût; après le de
vilschnick elle avait, en hésitant, demandé à ma
dame Hirsch comment elle trouvait son fiancé. Cette
dame avait répondu qu’il lui faisait l’effet de pouvoir
devenir un bon mari, qu’il avait seulement l’air un
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