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A madame
Sophie Elisabeth Brenner*
Es
prit noble et poli, dont la féconde Muse
faire de bons vers heureusement s’amuse,
Dame, dont le sçavoir et la pudicité
Te font briller partout d’une rare beauté,
Depuis que tout surpris j’ai vu tes doctes veilles
Et ce lustre éclatant de tes autres merveilles,
Un dessein glorieux m’est entré dans l’esprit ,
D’encenser ton beau nom par un dévot écrit
Et de faire aux beautés des vertus le modèle,
En traçant ton portrait d’un pinceau très-fidèle.
Même durant les nuits ce soin ambitieux
A banni fort souvent le sommeil de mes yeux.
Vingt fois je me suis vu par une folle audace
Prêt à vouloir monter au sommet du Parnasse,
Vingt fois à te louer j’ai voulu commencer;
Mais j’ai senti vingt fois ma veine se glacer,
Et vingt fois Apollon, fâché de mon courage,
En ces mots à peu près m’a refusé passage:
Arrête, téméraire! A quelle extrémité
Te pousse aveuglement ta sotte vanité?
On doit selon la force entreprendre la peine
Et choisir le propos suivant qu’on a de veine.
Quoi? Sans connoitre bien les charmes des neuf soeurs
Et sans l’heureux appui de toutes mes faveurs
Tu t’enhardis, content de ta Muse débile,
A chanter cette Dame, en vertus si fertile?
Un tel sujet requiert ces fortunés efforts,
Qui d’une noble voix font jouer les ressorts.
Pour louer dignement une plume si belle,
Il faut sçavoir aussi prendre l’essor comme elle.
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