Full resolution (TIFF) - On this page / på denna sida - Bref från Leopold till J. Axelsson Lindblom. I. Af E. Lewenhaupt
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100 Bref från Leopold till J. Axelsson Lindblom.
nous avons ce que chez les poétes ön apelle Le Oenie Brillant, et
voilà leur premiere qualité, raais il leur faut encore une; Vous
en-tendez Monsieur que je veux dire le Oenie Sublime. Rien n’est si
cornuum que de confondre ces deux talens ensemble et rien n’est
pourtant si difficile à trouver, que ces talens veritablement joints.
Le Comte de Creutz ce grand peintre, qui a fait tant de belles
choses n’avoit jamais le don de produir des pensées grandes et
sublimes à mesure qu’il savoit faire des peintures vives et
brillan-tes; mais il avoit une autre qualité qui valoit peutétre celle ci,
c’étoit le brillant du pinceau. Au contraire, Msr. Bergklint qui ne
possede surement pas le brillant du Comte de Creuts, le surpasse
en ce point. Permettez moi Monsieur, de dire qu’il est presque
le seul Svedois qui ait su donner à ses expressions cet air neuve
et bardi qui approche le plus au sublime. Aussi je Vous reponde
qu’aprés des siecles entiers ön parlera encore de ce Poete.
Il faut chercher, si je ne me trompe dans les ressorts de cette
sorte de genie plus que dans toute autre chose la raison de la
grande reputation des anciens. J’ose croire, qu7avec tout le brillant
de ses tableaux, Virgile n’auroit jamais été le premier poete sur
la terre, s’il n’avoit scu, plus que tout autre à tirer méme des
situations les plus petites7 des sentimens grands, émanés pour ainsi
dire dus plus profond raisonnement. On a vu en nos jours des
poemes qui ont frappé nos yeux avec des tableaux magnifiques, et
dont la reputation a passé vite comme Téclair. On les vois, ön
les loue, et ils tombent en oubli. Cela d’oü vient il? Assurement,
e’est qu’il leur manque la grande qualité qui doit les immortaliser.
Cest que le beau et le brillant n’y est point soutenu du sublime.
Ils ont sans doute quelque beauté; mais cette beauté lasse enfin
quand elie n’est que commune; c’est à dire quand ön n’y decouvre
aucun de ces traits hardis, qui la caractherisent, qui trappen t qui
éblouisent en nous présentant des graces que nous n’avions pas
ésperé d’y trouver. Cest précisement cet air de nouveauté qui
enchante, et qui s’attire en tout tems notre admiration car vous
savés qu’on admire toujours des choses auxquelles ön ne s’attend pas.
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