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Nos grands barrages
Le Canada dispose actuellement d’une force hydro-électrique de dix
millions et demi de chevaux-vapeur pour une population d’a peine treize
millions d’habitants. Devant ces deux chiffres, on peut se demander sil
existe un autre pays au monde qui puisse se vanter d’avoir développé prés
d’un cheval-vapeur par tête avec la houille blanche. Et ce n’est pas
tout. Nos innombrables cours d’eau, parsemés de chutes, de rapides et de
cascades, ont un potentiel utilisable de plus de 40 millions de chevaux-vapeur.
Nous n’employons donc, à l’heure présente, que le quart de cette inépuisable
richesse.
Ce fait explique pourquoi le Canada, de pays éminemment agricole qu’il
était il y a cinquante ans, est devenu l’une des nations les plus industrialisées
qui soient. Il est vrai que deux guerres consécutives ont contribué à ce phéno-
mène, mais n’efit été la présence de nos immenses réserves hydrauliques, un
tel développement aurait été beaucoup plus lent. Car ce pays est très pauvre
en charbon. Celui-ci est même inexistant dans les provinces centrales. II
fallait une force motrice à bon marché et facilement accessible pour faire
pousser chez nous cette forêt d’usines qui couvre aujourd’hui tous nos grands
centres:
L’étranger qui visiterait les barrages canadiens, derrière lesquels s’emma-
gasinent des millions de tonnes d’eau, pour alimenter les usines génératrices,
en serait profondément impressionné. C’est lå qu’il prendrait vraiment
contact avec la nature de ce vaste territoire, dont les lacs et les rivières, en
nombre incroyable, émaillent de leurs reflets verts ou bleus les paysages
grandioses et sauvages des forêts du nord. Il faudrait nommer ICI, parmi
nos principaux barrages, celui de la rivière Gatineau, l’un des plus puissants,
avec son vaste réservoir et sa précipitation d’environ 35 mètres de hauteur,
à l’extrémité est de la province de Québec: celu des chutes Niagara, dans le
sud ontarien, qui produit 560 mille chevaux-vapeur; celui de La Tuque, dans
le Saint-Maurice supérieur, qui développe 260 mille chevaux-vapeur pour la
Shawinigan, dans la province de Québec: ceux de la rivière Winnipeg, dans le
Manitoba, qui permettent l’électrification de toute cette province de l’Ouest:
ceux des magnifiques fleuves Fraser et Columbia, qui alimentent les grandes
centrales de la Colombie britannique, et dont les eaux mugissantes se frayent
un chemin dans les montagnes Rocheuses; ceux des riviéres Bow et Cascade,
dans l’Alberta . . ., et combien d’autres!
Dans cette énumération nécessairement incomplète, il est indispensable
de mentionner le travail gigantesque réalisé par la Société d’Aluminium du
Canada — la plus grande du genre au monde — A méme la rivière Saguenay
et ses tributaires. En 1943, c’est-à-dire en pleine guerre, cette société terminait
en quelques mois une immense centrale à Shipshaw, près d’Arvida, sur le Sague-
nay. Elle y installait 10 nouvelles turbines de 85 mille chevaux-vapeur chacune,
ce qui portait à 2,040,000 chevaux-vapeur le total de son développement
hydro-électrique dans la région. On imagine la masse d’eau qu’il faut emma-
gasiner dans le bassin du lac Saint-Jean et, plus au nord, derriére la Passe-
Dangereuse, pour assurer un débit régulier 4 ces importantes installations.
En fait, celles-ci sont les plus puissantes de l’univers, sans excepter même
Boulder Dam, qui fait l’admiration de tous.
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