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croire jusqu’ici, mais que je commence à
craindre n’être que trop fondé. C’est dans cette crainte
que je prends la plume pour vous prévenir.
J’aime mieux employer cette voie. C’est le Roi
qui va vous parler; car votre ami, accoutumé
depuis long-temps à suivre vos sentimens, aurait
de la peine à vous résister, et il oublierait ses
devoirs envers l’Etat, qui sont de lui conserver
un ministre aussi éclairé et aussi bon patriote.
Il y a bientôt dix ans, qu’en rentrant dans les
droits de mes prédécesseurs, le premier que j’eus
à exercer fut bien doux à mon cœur; c’était
celui de réparer l’injustice que les factieux vous
avaient faite. En vous rappelant au Sénat, et en
plaçant toute ma confiance en vous, vous avez
bien amplement rempli mon attente et celle de
votre patrie. Dix ans de paix conservée malgré
tous les orages qui, dans les premiers momens,
semblaient la menacer: la considération de l’E-
tat rétablie au dehors, les anciennes alliances
consolidées, la confédération puissante que vous
avez formée, et qui doit faire un jour époque
dans l’histoire du droit des gens, tels ont été les
grands événemens qui ont marqué la sagesse et
la prospérité de votre ministère, et tels sont les
engagemens qui vous obligent à garder une place
que vous avez remplie avec tant d’utilité pour
votre patrie et de gloire pour vous-même. Tel
est le sort de ceux que la Providence a placés
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