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[ 171 J
vent préfenter rien de faux, mais qu’ils ne doivent
pas préfenter le Vrai tout entier. C’eft dans cette
adreffe à ne préfenter d’un même objet que les
parties neceffaires pour produire une impreftion
distin&e & vive, que confifte l’art de bien
imiter: le moindre furplus fait paffer le Sentiment,
& avec lui le plaifir. Ceci explique pourquoi
V homme le plus profond, eft l’homme le moins
fenfible aux charmes des Beaux-Arts. Il voit
la vérité toute entiere: il ajoute & remet à leur
place tous les petits détails, dont 1’omisfion
contribue à l’illuftion.
La perfection des Beaux-Arts confifte donc
dans l’imitation en même tems vraie &
inge-nieufe des objets propres à exciter le plaifir,
c’eft-à-dire, à produire des fenfations, qui,
fans être doulcureufes, foient diftin<5tes & vives,
§. 4.
Cette definition de la perfe<5tion des
Beaux-Arts renferme deux points: l’Imitation & le
Choix des objets: pour produire le Plaifir l’un
fuppofe l’autre. Or le Génie faifit tous les
objets dignes de l’attention de l’homme, mais
le Goût feul en choifit ceux qui doivent plaire.
Et le Goût, qui efl - il ? Je l’ignore: les
Nations n’en font pas d’accord. On peut dire,
fans doute, que le Goût eft la connaiffence
du Beau; mais qu’ eft-ce que le Beau? Ce
qui nous lait plaifir. Qu’eft-ce qui nous
fait plaifir? Ce qui excite en nous des
fenfations diftinftes & vives, fans être douloureufes.
Quels font les objets qui excitent en nous ces
fenfa»
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