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moutonnées des montagnes basses de la côte. On n’observe que
rarement, dans cette partie du Grønland, des stries provenant du
frottement des glaciers, à cause de ta désagrégation de la surface des
roches, mais celles-ci présentent souvent sur leur surface de longues
cavités qui ont jusqu’à 1 mètre de large.
Un des fjords les plus imposants du Sud-Grønland est 1 ’ E v i
g-heds fjord, qui pénètre profondément dans la remarquable
ramification que la glace continentale envoie, sur une vaste étendue, entre
le S. Strømfjord et le fjord de S. Isortok, et la divise en deux parties.
La partie extérieure du fjord, longue de 5 milles (37,7 kilom.) environ,
est bien bornée au Nord par une série de hautes montagnes, mais
c’est seulement à la pointe de Nugsuak, où le fjord fait un coude au
SE, que le paysage excite et captive l’intérêt. De grandes montagnes
dentelées dont les versants presque à pic s’élèvent directement
au-dessus de l’eau à des hauteurs de 4—5000 pieds (1255 — 1570m)i
concourent, avec leurs nombreux glaciers, à former un décor si
grandiose que sans doute peu de localités pourraient en montrer un
pareil (voir Pl. V). Environ 40 glaciers grands et petits, qui
descendent vers le fjord, sonl toujours en mouvement en faisant un bruit
tel qu’on croit continuellement entendre une canonnade rapprochée
et une autre lointaine, et , de temps en temps, de grosses masses
rocheuses tombent dans l’eau d’énormes hauteurs avec un fracas
retentissant. Aussi est-ce avec un certain recueillement qu’on navigue
dans ce fjord, qui est rarement visité par les Grønlandais, et il avait
même été difficile de trouver des rameurs pour y conduire
l’expédition. La navigation n’y est en effet pas sans danger, car il peut
tout à coup s’élever de violentes tempêtes qui en soulèvent très vite
les eaux. A cela vient s’ajouter que les rives en sont si escarpées
qu’il n’y a que bien peu de points où l’on puisse aborder et encore
moins haler un bateau à terre. C’est pourquoi il régnait un silence
solennel parmi les Grønlandais, qui tous voyaient pour la première
fois ce fjord redouté, ei la crainte dont ils étaient saisis leur fit
faire force de rames, de sorte que, favorisés d’ailleurs par le plus
beau temps du monde, ils ramenèrent en très peu de temps
l’expédition à son campement. Elle y resta jusqu’au lendemain pour faire
des observations géographiques, et ce fut au bruit retentissant des
grands glaciers descendant dans le fjord, qu’elle passa la nuit dans
ce lieu désert, mais si attrayant dans sa sauvage majesté, et dont
la beauté était encore rehaussée par un temps splendide, par la
pleine lune et une magDifique aurore boréale.
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