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crois, 1’homme le plus honnéte qui soit au monde. Mais en
fin il faut se consoler. J’aime toujours mieux ä rire qu’ å
pleurer, et je Vous dirai pour cela que Msr. le Comte se
mourut si vite, qu’il n’avoit pas tems de nous bien faire son
5 dernier compliment. Tout le monde le regrette, et on a
raison: II faisait du bien ä tout le monde. Cest ä 1’occasion
de sa mort, et de celle de Madame la Comtesse de Dohna,
que j’ai fait les strophes dont je me prens la liberté de Vous
envoyer quelques uns. Cest un tribut bien faible de respect
10 et de 1’amitié qui m’attache ä cette illustre famille. II sont
écrits en francois ces vers, premierement puisque on n’aime
pas le suedois ici, en quoi on a tort; et secondement, puisque
le francois est plus tendre, plus riche, et plus facile; en quoi
je crois qu’on n’a point tort. Vous ne pretendés pas, j’espere,
15 qu’un Suedois fasse des bons vers frangois. Le seul qui le
pourroit faire, ce seroit peut-étre Vous, Monsieur; mais
mal-heureusement, Vous étes en tout admirable, et en tout unique.
Ayés la bonté, Mon cher Maitre, d’honorer avec Vos
remarques, ces petites bagatelles, et de m’en faire part au
20 plutot. Je comte de ne pas rester ici longtems, et je voudrois
au moins les laisser correctes de ma main. II y a peut-étre
des observations ä faire qui me sont échappées, mais qui
n’échapperont pas ä vos yeux et a vos oreilles. Encore une
fois, ils sont bien faibles ces petits essais; mais on les aime
25 pourtant un peu, puisqu’ils ont fait couler ici quelques larmes.
Qu’on est toujours loin d’étre parfait! mais qu’il est beau de
toucher avec ses imperfections!
Quand nous nous verrons j’aurai 1’honneur de Vous
presenter quelques unes de ces petites brochures dont
autre-3 0 fois j’innondois mes amis. Je ne le ferai pas plus, car on se
gåte de commencer sa carriere d une telle fagon. On ne
plåit parlä que pour quelques momens, et Vous savés,
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