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peuvent naitre que cTune vaste conception des choses et de
demonstrations, sans pourtant avoir besoin de suivre toute
leur chaine pour les produir, plus cet Ésprit est au dessus
du coramun, et plus il approche au grand.
5 II me semble, qu’aprés ce que je viens de dire on pourra
aisément juger å la nature du vrai sublime. Jamais les ressors
de cette grande qualité ne se trouvent que dans ces Genies
qui enflammés du plus vive sentiment de ce qu’ils veulent
peindre ont assez de force pour s’élancer comme d’un seul
10 éffort ä cette conception des choses vaste et étonnante, ä ces
idées extraordinaires, auxquelles, tout autre ne pourra s’élever
que par dégrés et ä force des conclusions Voilå la raison
de ces mouvemens d’admiration et d’étonnement qui nous
saisissent au récit d’une strophe de Virgile et de Voltaire.
16 Vous voyez bien, Msr, que necessairement ces pensées
doivent étre nouvelles: Si elles ne l’étoi pas elles cesseroient
d’étre sublimes. L’esprit n’atteint pas au grand. qu’en
s’éle-vant ä des idées grandes et fortes, et ces idées si elles ne
sont pas nouvelles, c’est ä dire, si elles sont produites
20 auparavant, ne naissent pas du force de 1’esprit mais de sa
faiblaisse; car on est toujours faible quand on est reduit å
1’imitation ou ä la necessité d’étre plagiaire. Voilä donc qu’il
faut de la Nouveauté. On pourra soutenir aussi que le sublime
suppose une certaine hardiesse du Genie; car voit-on jamais
25 qu’un esprit timide en est capable? Et c’est surement un
coup assés hardi que d’oser suivre si loin les transports de
son feu naturel, souvent sans autre guide que la seul
appa-rence de la verité. Voila donc qu’il faut de L hardiesse.
Pour la diction j’ose croire que veritablement il en faut la
30 plus exquise; parceque sans qu’elle soit belle et noble la
pensée perde ses graces et ne nous frappe point; ce que le
veritable sublime ne manque jamais ä faire. II semble donc
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