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»Si detesté si craint dans ce sejour
»Qui fit rougir la nature et l’Amour
»Jeune égaré j’avois tous les caprices,
»De mes amis j’avois pris tous les vices
»Et le plus grand qui ne peut s’effacer,
»Le plus cruel fut de vous ofifenser.
»J’ai reconnu, j’en jure par Vous méme
»Par la vertu, que j’ai fui, mais que j’aime
»J’ai reconnu ma detestable érreur.
»Le Vice étoit étranger dans mon coeur,
»Ce coeur n’a plus les taches criminelles
»Dont il couvrit ses clartés naturelles;
»Mon feu pour Vous, ce feu saint et sacré,
» Y reste seul, il a tout épuré.
Quelle peinture magnifique du pouvoir d’un veritable
amour! II est en quelque fagon du ressort commun que de
faire connoitre ce pouvoir par les tendres desirs et la douceur
qu’il inspire, méme aux cceurs les plus farouches; II touche
au sublime que d’attribuer ä ce pouvoir l’art heureux
»De corriger les levains de nos ames;
»D’adoucir nos chagrins nos humeurs,
»De nous calmer, de nous rendre meilleurs.
Mais il est au dessus de tout ce qu’on a jamais dit de 1’Amour,
que de s’imaginer qu’il est capable d’épurer un ccEur criminel
couvert des taches de ses fautes et qui dés longtems s’est
livré aux érreurs les plus détestables. Cest pourtant une
verité que cela puisse se faire, et voilä en quoi consiste le
sublime de cette pensée. Elle seroit absurde si elle n’étoit
que poétique. Concluons donc que le vrai, doit toujours faire
le fond du sublime.
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