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bien changé. Vos proçédés Font froissée et elle ne se mêlera
plus de vos affaires, pour les mettre sur un pied plus
avantageux, d’autant plus qu’elle est instruite plus exactement que
vous ne pensez, des moindres intrigues et résolutions que Vous
et le Roi prenez. Il me semble, ma chère soeur, qu’un peu
plus de ménagements pourroit adoucir ce que trop de roideur
a gâté, et qu’en faisant ce que vous voulez, vous pourriez
pourtant le faire avec tant de politesse, que cela
diminue-roit l’aigreur, que vos procédés n’ont que trop fortifiée en
cette cour. Je vous écris ceci en honnête homme, par ce
qu’en qualité de bon frère ma conscience m’oblige de vous
le dire; mais vous demeurez ni plus ni moins maîtresse de
profiter de mes conseils, ou de les rejeter. Comptez, ma
chère soeur, qu’on trouve partout des ennemis de reste,
sans qu’on se donne encore la peine d’en augmenter le
nombre. Vous mériteriez de n’en point avoir, du moins ne
vous en faites pas de gens trop puissants.
Vous pourriez me faire une faveur, ce seroit de
m’envoyer des portraits en buste du prince royal et de votre
fille aimée; ce me seroit un grand plaisir de connoître ces
neveux et nièces si éloignés et auxquels je suis attaché,
parce qu’ils vous appartiennent.
Daignez, ma chère soeur, me conserver votre amitié, et
soyez persuadé de la tendresse et de la parfaite estime
avec lesquelles je suis
ma chère soeur
Votre fidèle frère
et serviteur
Fédéric.
Fersen. Hist. Skrifter. III.
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